Élections législatives 2024 : C’est vous qui choisissez.

La CGT a toujours combattu les idées d’extrême droite. Nous voyons malgré cela que le nombre d’électeurs qui votent pour le Rassemblement National (RN) ou Reconquête ne cesse d’augmenter. Après les résultats aux élections européennes et la dissolution de l’assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron, l’extrême droite est aux portes du pouvoir en France.

« Les autres nous ont déçus, eux on ne les a pas essayés »

Nous l’entendons souvent.

L’extrême droite a déjà été au pouvoir en France, entre 1940 et 1944, mais cette référence historique et trop lointaine et surtout la communication a été bien orchestrée pour laisser penser aux électeurs qu’il n’y a pas de lien entre le RN d’aujourd’hui et les pétainistes à l’origine de la création de ce parti (Les origines du Front national | Cairn.info).

Et renvoyer à l’histoire n’est plus audible.

D’autant que certains ne vont pas se priver de renvoyer la CGT aux liens forts qu’elle a entretenu avec le Parti Communiste (PCF), et le PCF aux horreurs du Stalinisme.

Pourtant, les statuts de la CGT affirment son « indépendance absolue à l’égard du patronat, des gouvernements, des partis politiques (…) » (Statuts | CGT) mais nos propositions sont reprises par les partis de gauche et favorisent cet amalgame. D’autant que cela arrange bien ceux qui veulent discréditer le mouvement syndical pour favoriser les intérêts du capital.

« Vous parlez du passé mais ça a changé et il faut leur laisser leur chance »

Autre réflexion que nous entendons et qui illustre la stratégie payante de « dédiabolisation ».

La ficelle du « front républicain » ou du « barrage » a déjà servi, en 2002, 2017 et 2022, s’est usée et risque de casser.

Alors au lieu de dire que ce sont « des fachos » ou que « le peste brune est de retour », regardons les positions prises par leurs élus au parlement européen (Les votes du RN au Parlement Européen | CGT) ou à l’assemblée nationale (10 points sur lesquels l’extrême droite relève de l’imposture sociale | CGT)

La CGT défend les intérêts des salariés et porte des propositions et un projet de société plus égalitaire, plus juste et plus solidaire.

Si nous nous opposons aux idées d’extrême droite, c’est que le programme de ces partis défend les intérêts des capitalistes aux dépens de ceux de salariés mais aussi des citoyens.

« Macron ou Le Pen, c’est blanc bonnet et bonnet blanc »

Cette réflexion illustre bien la désillusion face aux autres propositions.

En 2012, la gauche est arrivée au pouvoir et si elle nous a fait plus de mal que les 10 ans de droite qui ont précédé, c’est surtout car nos espoirs ont été déçus. Quand François Hollande déclare que « mon ennemi, c’est la finance » et que son quinquennat fût celui de la loi El Khomri qui, en fusionnant les Instances Représentatives du Personnel (IRP), a détruit des décennies de conquêtes sociales dans les entreprises, le désenchantement est profond.

Il faut reconnaître que la présence d’Emmanuel Macron, cheval de Troie du patronat, y a fortement contribué. C’était fait pour, comme l’a révélé le livre « Le traitre ou le néant » (de Gérard Davet et Fabrice Lhomme), puisque la présence d’Emmanuel Macron au secrétariat de l’Elysée était la seule demande des patrons au moment de l’élection de Hollande. Et la suite fut pire, son passage au ministère de l’économie, son élection en 2017 et sa réélection en 2022.

Les principes démocratiques, la séparation des pouvoirs notamment, ont été fortement dégradés par l’exercice du pouvoir de Macron. La gestion de la crise Covid puis la réforme de retraites ont démontré que les pouvoirs sont concentrés au palais de l’Elysée et que les contre-pouvoirs sont muselés.

La presse elle-même perd son indépendance et les chaines de télévision deviennent des organes de propagande aux mains de leurs riches propriétaires.

« L’extrême droite est-elle encore une menace pour la démocratie lorsque l’on voit l’état dans lequel l’a mis Macron ? »

Il faut reconnaître que Macron a banalisé la concentration des pouvoirs et leur servilité vis-à-vis des intérêts du capital. Il a préparé le terrain pour une dérive autoritaire aux mains de l’extrême droite. Pour savoir si la démocratie est en danger, interrogeons-nous sur les intérêts du capital. Le capitalisme a-t-il besoin de la démocratie ?

La démocratie permet entre autres la liberté d’expression. Cette liberté permet le débat entre des points de vue différents afin d’aboutir à des décisions les plus justes possibles.

Une illustration pourrait être de négociations salariales en entreprise où en fonction des résultats, des enjeux et des perspectives de l’entreprise, mais aussi de l’évolution du niveau de vie, de la montée en compétences et des perspectives d’évolution de carrière pour les salariés, cette négociation débouche sur un accord équilibré permettant de garantir la pérennité de l’entreprise et les investissements nécessaires mais également l’amélioration des conditions de vie des salariés et la juste reconnaissance de leur travail. Or cette illustration est devenue une image d’Epinal puisque les dernières négociations salariales dans notre entreprise ont acté un déclassement par l’écart entre les niveaux de budgets alloués et l’inflation. Pour autant, nous avons encore la liberté d’exprimer nos revendications et nous disposons du droit de grève pour les appuyer. Reconnaissons que si nous avons le droit de nous exprimer, nous ne sommes plus écoutés.

L’étape suivante, ce sera lorsque nous n’aurons plus le droit d’exprimer nos désaccords. Nous sentons déjà un lent glissement car dans notre entreprise, les gens osent de moins en moins parler de ce qui ne va pas. Et ceux qui parlent sentent de plus en plus qu’ils dérangent. Jusqu’à présent vous pouviez parler mais on ne vous écoutait pas. Aujourd’hui, on supporte de moins en moins que vous parliez. Demain, vous devrez vous taire.

Le droit de grève, bien que garanti par notre constitution (Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 | Conseil constitutionnel (conseil-constitutionnel.fr)), est régulièrement remis en cause, par petites touches (préavis, service minimum) afin de le vider de sa substance. Lorsque l’on n’écoute plus les salariés et leurs représentants, il est le dernier outil à leur disposition.

De la même manière, les syndicats, qui permettent aux salariés de s’organiser pour faire entendre leur voix, ont été affaiblis par les différentes réformes.

Après vous avoir fait taire, on vous retire les moyens d’action.

L’extrême droite n’a jamais caché son opposition au syndicalisme et ne rechigne pas à la violence contre les représentants syndicaux.
Si les fusillés du Mont Valérien sont trop anciens pour le rappeler, les mouvements contre la réforme des retraites ont illustré cette disposition à « cogner du syndicaliste » (Agression de syndicalistes : « il a sorti une arme de poing » – Rapports de Force).
Nous assistons déjà à une répression syndicale inédite de la part du patronat et de l’état (Répression syndicale, du jamais vu depuis l’après-guerre (revolutionpermanente.fr)).
Nul doute qu’avec l’extrême droite au pouvoir, les groupuscules violents vont se sentir pousser des ailes.

Nous risquons de ne pas attendre longtemps. Il n’aura fallu que quelques heures pour que des homosexuels soient attaqués (A Paris, quatre militants d’ultradroite ont été condamnés pour une agression homophobe (lemonde.fr)).

Nous savons, en tant que syndicalistes, que nous serons les premiers visés. Mais si nous tombons, devinez qui seront les suivants.
Le 30 juin et le 7 juillet, vous êtes appelés aux urnes.
Vous avez le droit et la liberté de vote. Vous êtes de grandes personnes et vous serez les seuls à décider dans l’isoloir.
Nous voulions simplement vous apporter un éclairage avant ces deux échéances

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